Aller au contenu principal

Et maintenant on va où ?

20 avril 2013

On lâche rien ! On lâche rien ? Moi, je veux bien mais sincèrement qu’est-ce qu’on tient pour l’instant ? Sans mauvais esprit, ni pessimisme excessif, mais en tentant de faire preuve d’un minimum de lucidité que peut-on penser de l’évolution du mouvement apparu en opposition à l’extension du mariage aux personnes de même sexe ?

L’optimisme est de rigueur. En effet, un nouveau mouvement est né, réunissant des jeunes et des moins jeunes mais se désolidarisant d’une fraction importante de la génération vieillissante des soixante-huitards. On nous dit qu’il y a un effet de génération : une nouvelle génération d’activistes pas encore vraiment militants, nés dans la ferveur d’un mouvement populaire. C’est dans ces instants qu’apparaissent un certain nombre de personnes qui seront des militants et des leaders pour les années à venir. La gauche a su puiser régulièrement dans ces viviers surgissant au milieu des manifestations et des collectifs contestant les mesures les plus impopulaires que la droite sait régulièrement faire germer. Mais au-delà de quelques individualités, qui sauront être récupérées et recyclées par des appareils partisans plus classiques, eut-on réellement espéré voir surgir un authentique mouvement durable ?

A mon humble avis, il ne s’agit pas d’un mouvement social mais d’une fracture. Ce qui se passe en ce moment est l’expression d’un désaccord fondamental entre les Français pas seulement sur la question du mariage. Pour être honnête, François Hollande n’est pas seul responsable. Nous récoltons ce que Sarkozy a semé et que la gauche a généreusement arrosé : la division et un travail de sape des quelques valeurs communes qui tenaient ou semblaient tenir la société. Aujourd’hui, nous ne sommes pas loin d’un retour à l’état de nature…

Ce que disent beaucoup de militants ces derniers jours, je l’ai entendu en 1999 lors du mouvement d’opposition au PACS. J’aimerais qu’on m’explique ce qui va faire réussir ce qui n’a pas pris à l’époque. Le fait qu’il s’agisse d’un mouvement conservateur (ce qui est une bonne chose de mon point de vue et non une insulte) s’opposant à une réforme présentée comme progressiste et égalitariste donne à mon avis un fondement bien faible à un mouvement. Il faudrait lui trouver une formulation positive et non seulement contestataire. De ce point de vue, la construction d’un courant défendant l’écologie humaine est une des perspectives les plus stimulantes proposées par certains animateurs du mouvement actuel. Ce courant présente notamment l’intérêt d’être constructif.

Le mouvement naissant des veilleurs présente également un caractère bisounours sympathique. Leur non violence manifeste contraste agréablement avec les excès de quelques têtes dures. Même si la référence à Gandhi m’énerve personnellement, la non-violence devrait être inhérente au style d’action chrétien. Pour devenir un mouvement durable, il faudrait créer un lien entre les différents courants catholiques sociaux et culturels afin de structurer une sorte de nouvelle démocratie chrétienne sur le modèle qui a longtemps réussi à la social-démocratie allemande par exemple.

Il reste que, à mon humble avis, la tentation politique est dangereuse. Le mouvement actuel devrait surtout être l’occasion d’une prise de conscience sur la situation des chrétiens et singulièrement des catholiques dans la société actuelle, qui se développe à l’ombre de l’État Nation moderne. Le discours de Mgr Vingt-Trois lors de l’ouverture de l’Assemblée des évêques de France est certainement un texte de référence pour les temps à venir. Après plusieurs semaines d’une grande discrétion, l’Archevêque de Paris a délivré un message d’une lucidité et d’une profondeur impressionnante pour peu que l’on veuille bien ne pas y trouver uniquement ce qu’on cherche (la dénonciation du passage en force du gouvernement ou la maladroite dénonciation de « la théorie » du genre). Après avoir salué l’élection du Pape François, Mgr Vingt-Trois a pointé ce qui doit être au cœur de l’attitude chrétienne et ses implications dans la mise en œuvre de la nouvelle évangélisation :

Vouloir suivre le Christ nous inscrit inéluctablement dans une différence sociale et culturelle que nous devons assumer. Nous ne devons plus attendre des lois civiles qu’elles défendent notre vision de l’homme. Nous devons trouver en nous-mêmes, en notre foi au Christ, les motivations profondes de nos comportements. La suite du Christ ne s’accommode plus d’un vague conformisme social. Elle relève d’un choix délibéré qui nous marque dans notre différence.

Nous ne devons plus attendre des lois civiles qu’elles défendent notre vision de l’homme ! La prise de conscience est un peu dure pour certains mais il faut bien le reconnaître et il n’est pas sûr que ce soit tout à fait un mal en soi… Patrice de Plunkett a parfaitement saisi se qui se joue en ce moment au-delà de toute prétention politique immédiate :

Le système nous a relégués à la périphérie ? Nous n’y sommes pas seuls ! Avec les alliés qu’il nous donne sans le vouloir, nous le prendrons en tenaille. Et cette bataille sociétale sera, pour les croyants, un champ d’évangélisation.

Les chrétiens, et singulièrement les catholiques, peuvent peut-être apprendre aussi à ne pas tout mélanger et à clairement revendiquer l’autonomie de l’Église à l’égard de l’État nation et même à l’égard de la société civile qui n’a d’existence que dans le creux de l’État. Cela ne passe pas, au du moins pas nécessairement ou pas encore, par la sécession ou la promotion d’une contre culture. L’autonomie de l’Église comme société séparée de la société civile et surtout de l’État nation implique une nouvelle réflexion sur la communauté : comment vivre dans une Église communautaire résistant au mouvement libéral-libertaire contemporain sans sombrer dans le communautarisme.

Le renouvellement des formes d’actions des catholiques est clairement un enjeu de la nouvelle évangélisation. La nouvelle évangélisation n’est pas l’apanage de certains groupes ou mouvements au charisme spécial. Elle passe d’abord par un appel à la conversion et ensuite par une invitation à l’engagement :

La pointe du combat que nous avons à mener n’est pas une lutte idéologique ou politique. Elle est une conversion permanente pour que nos pratiques soient conformes à ce que nous disons : plus que de dénoncer, il s’agit de s’impliquer positivement dans les actions qui peuvent changer la situation à long terme.

Il ne suffit donc pas de dénoncer, au risque de sombrer dans l’exagération verbale. Le style d’action du chrétien doit être à l’image de son style de vie et doit être en toute circonstance évangélique. C’est évidemment difficile car peu de personnes ont une attitude authentiquement évangélique qui ne les exposent pas au grief d’incohérence. Or précisément, si chacun ne peut agir sur tous les fronts en même temps  et s’il faut bien se concentrer sur un ou deux engagements personnels, le chrétien ne devrait jamais négliger que son action prend place dans un ensemble cohérent. De la défense de la vie à la solidarité internationale et au développement en passant par l’accueil de l’étranger et du travail, tout se tient et le discours doit être en cohérence avec les pratiques. Mgr Vingt-Trois ne dit pas autre chose lorsqu’il s’interroge :

À quoi bon combattre pour la sauvegarde du mariage hétérosexuel stable et construit au bénéfice de l’éducation des enfants, si nos propres pratiques rendent peu crédible la viabilité de ce modèle ? À quoi bon nous battre pour défendre la dignité des embryons humains, si les chrétiens eux-mêmes tolèrent l’avortement dans leur propre vie ? À quoi bon nous battre contre l’euthanasie si nous n’accompagnons pas humainement nos frères en fin de vie ?

Il poursuit :

Ce ne sont ni les théories ni les philosophes qui peuvent convaincre de la justesse de notre position. C’est l’exemple vécu que nous donnons qui sera l’attestation du bien-fondé des principes.

Non, décidément, Mgr Vingt-Trois n’est pas allé trop loin ! Il nous montre le chemin mais c’est à nous de nous y engager.

26 commentaires leave one →
  1. Olivier permalink
    20 avril 2013 19 h 28 mi

    Désaccord avec le cardinal Vingt-Trois et avec vous. Désaccord lorsque celui-ci dit que « nous ne devons plus attendre des lois civiles qu’elles défendent notre vision de l’homme. » Eh bien si, justement ! C’est pour cela que nous nous battons en ce moment ! (Et lui aussi, à sa place !) C’est pour cela que les catholiques, lorsqu’ils le font, s’engagent en politique. Parce que servir ainsi le bien commun est la forme la plus haute de charité (faut-il donc se résigner à ce qu’on tue les vieux, comme M. Hollande va bientôt le proposer, bien entendu en s’efforçant d’avoir obtenu leur consentement avant…).

    Ainsi, pour moi la tentation à laquelle il faut résister n’est pas la « tentation politique » mais la tentation de fuir le politique, au contraire !
    Dire le contraire me paraît méconnaître l’impact de cette loi Taubira et des autres contraires à la morale naturelle (qui ne nous est pas « propre »).
    Pour deux raisons : d’une part parce que les lois deviennent petit à petit la référence morale, comme on le voit avec l’avortement, 38 ans après la loi Veil – ainsi la doctrine de l’Église sur l’homosexualité deviendra encore moins audible –, sur l’IMG (il est déjà plus que mal vu de ne pas faire tuer in utero son enfant handicapé) – de même on sera gentiment invité à renoncer aux traitements médicaux coûteux en fin de vie…, d’autre part, parce que, renoncer à faire de la politique, à s’efforcer que les partis traduisent nos « revendications », condamne à terme la possibilité d’une vie en chrétien (comme le montre l’exemple d’autres pays, plus « avancés » que nous sur ce chemin). On le sait, la loi Taubira, et les projets de M. Peillon, entraîneront que les écoles, dès le plus jeune âge, montreront de façon militante les « modèles familiaux » comme équivalents – comment éduquer ses enfants dans la foi dans ces conditions ? (Si vous croirez que subsistera longtemps la liberté de ne pas enseigner cette idéologie dans les écoles libres, sous contrat ou non, vous êtes d’une naïveté confondante !)

    Viendra certainement un renforcement des lois contre l’ « homophobie », sans doute à terme jusqu’à rendre illégal les passages du Catéchisme sur la question, certainement seront interdites les manifestations telles que nous en vivons actuellement (car ayant pour but de retirer des « droits » à certains). Renoncer à se battre pour que les lois civiles se conforment à la morale, c’est accepter que les catholiques ne puissent être pharmaciens (sauf à trahir leur foi) faute d’objection de conscience, c’est déjà le cas, c’est accepter que les catholiques puissent de moins en moins être médecins sans se trahir, c’est accepter que les catholiques ne puissent être maires !

    C’est accepter que les catholiques, de plus en plus, soient menés à se faire euthanasier, ce qui, faut-il le rappeler, est une forme de suicide, et donc, non seulement une mort physique, mais un grand risque de mort spirituelle ! C’est risquer qu’ils abandonnent, simplement, plutôt que de risquer le martyre social, financier, personnel, la foi catholique sur tel point en contradiction avec les lois civiles modernes… Et caetera (vous remarquerez que je n’ai même pas évoqué la PMA, la GPA, le « droit à l’enfant » (qui pourra donc être limité, adieu familles nombreuses et bonjour la Chine…), la propagande de « genre », sans doute faudrait-il mieux dire « queer »)…
    Peut-être cela arrivera-t-il (ou une partie de cela), peut-être n’arriverons-nous pas à l’éviter… mais prétendre qu’il faut renoncer à le tenter me paraît une démission en rase campagne et une trahison envers nos frères et les hommes qui nous succèderont.

    Vous me pardonnerez j’espère ce ton un peu emporté et le caractère fleuve de ma réponse, mais il ne fait que traduire, je l’avoue bien volontiers, ma très forte angoisse sur l’avenir.

    J’aime

    • Yogi permalink
      22 avril 2013 22 h 24 mi

      @ Olivier :

      Intéressant commentaire. Quelques remarques au passage :
      « faut-il donc se résigner à ce qu’on tue les vieux, comme M. Hollande va bientôt le proposer » : rappelons que le projet de loi devrait viser « la souffrance qui ne peut être soulagée ». Faut-il en déduire que vous êtes pour la torture des vieux ?

      « la doctrine de l’Église sur l’homosexualité deviendra encore moins audible » : si le caractère homophobe des manifestations actuelles peut être débattu, celui d’une doctrine qui interdit de relation sexuelle toute une catégorie de personnes ne peut guère être contesté.

      « c’est accepter que les catholiques ne puissent être maires ! » : en effet, comme à toute personne refusant la démocratie républicaine.

      « adieu familles nombreuses » : tôt ou tard, le taux de natalité mondial devra nécessairement rester inférieur à 2,1 enfants par femme. C’est ainsi.

      J’aime

      • 23 avril 2013 16 h 50 mi

        Ouf… je trouvais que vous aviez perdu de votre mordant !
        Sur le dernier point, il y a sans doute un vrai problème…
        Pour les autres, c’est de la provocation en particulier car
        i) vous savez qu’il s’agit de mettre un terme à la vie et non de traiter la souffrance comme elle devrait l’être si on développait franchement les soins palliatifs ;
        ii) l’Église n’interdit pas l’homosexualité, elle y voit un désordre qui ne permet pas à la personne de s’épanouir réellement (on peut discuter ce point mais il ne faut pas inventer des excès pour mieux les combattre même si je sais que c’est classique).

        J’aime

      • Yogi permalink
        23 avril 2013 19 h 14 mi

        J’aurais regretté de vous décevoir 😉

        Je conteste bien évidemment être dans la provocation car :

        i) la « souffrance qui ne peut être soulagée » s’entend bien évidemment après « intégration d’une compétence en soins palliatifs dans toute pratique clinique » (dixit Sicard),

        ii) l’Église n’interdit pas l’homosexualité (?) mais en tous cas la condamne (ou affirme qu’elle sera sanctionnée, ou auto-punie, ou qu’il ne faut pas s’y adonner, tournez cela comme vous voudrez) et je suppose que si l’on vous refusait « pour votre épanouissement » (sic) toute relation sexuelle au cours de votre vie vous considéreriez cela comme une atteinte à votre égard,

        iii) de même qu’un objecteur de conscience serait mal venu de protester qu’il ne puisse pas être général, quelqu’un qui refuse d’appliquer les lois de la république serait mal venu de protester qu’il ne puisse pas être maire.

        J’aime

    • 22 avril 2017 17 h 07 mi

      This « free sharing » of inofrmation seems too good to be true. Like communism.

      J’aime

  2. jonastree permalink
    20 avril 2013 19 h 59 mi

    YALLAH

    J’aime

  3. 20 avril 2013 20 h 14 mi

    Je ne sais pas où on va. Mais je ne crois pas que ce mouvement (LMPT Veilleurs, tous ceux qui se lèvent) soit seulement « contre ». Ils apportent une quantité de « pour » : pour la jeunesse, pour la non-violence pour le respect, pour la gaieté pour l’intériorité, pour l’humour, pour les mamans et les papas… Je pense que si les jeunes y participent, c’est parce qu’il y a beaucoup de « pour ».
    Je crois aussi que c’est une grosse remise en question pour nous les catholiques. C’est comme un réveil brutal, un saut dans le vide du haut d’une falaise. Il faut (re)trouver notre place dans la société civile, trouver l’équilibre entre militantisme et ouverture (qui ne dit pas compromission, attention!) envers les autres. C’est peut-être le moment d’arrêter de juger celui qui ne pratique pas comme nous, ne s’habille pas comme nous, ne chante pas comme nous et d’aller à l’essentiel : la vérité, la charité, l’espérance.
    C’est peut-être le moment de se réengager réellement dans le monde et plus seulement entre nous. Ca vous paraît peut-être dur mais c’est une attitude que j’ai beaucoup vu autour de moi et qui est effrayante parce qu’elle nous coupe des autres et nous enferme dans nos convictions au lieu de les transmettre. La lumière sous le boisseau, c’est parfois aussi cela un certain mépris (en tout cas vécu comme tel) pour ceux qui ne sont pas de « notre chapelle » :).
    Quand j’ai vu le projet de loi arriver, je me suis dit que c’était la fin du monde. Impossible d’imaginer que mes enfants ne puissent faire inscrire « père » ou « mère » sur leurs livrets de famille dans 10 ans. L’idée est insupportable. Mais voilà, en voyant qu’on « ne lâche rien », l’espoir est revenu. Je n’ai plus peur.
    Je crois que nous sommes aujourd’hui d’abord dans un combat spirituel. S’il a lieu sur un plan politique, c’est peut-être pour permettre un grand nettoyage et pas qu’à gauche! A droite aussi comme vous le soulignez, combien ont remisé leur foi sous les ors du pouvoir, combien ont trompé l’espoir qu’on mettait en eux ?
    Je pense que personne ne peut dire où on va mais Dieu nous guide alors faisons de notre mieux et faisons-lui confiance.

    J’aime

  4. 20 avril 2013 20 h 33 mi

    @olivier : ne pas s’attendre à ce que les lois civiles défendent notre vision de l’homme est au contraire un invitation à la défendre nous même. Fini le conformisme moral et social. Fini le confort d’un unanimisme bourgeois qui dispense d’engagement. Ce que dit Mgr Vingt-Trois, c’est tout simplement que c’est au chrétien qui font l’Église que revient la responsabilité de défendre cette vision de l’homme. La « nouvelle théologie politique » d’Hauerwas et Cavanaugh par exemple donne des pistes pour comprendre et accompagner ce renouvellement de l’action des catholiques.

    @Yelda : le mouvement est immédiatement contre un projet de loi et il est perçu comme un mouvement contre. Cela nous n’y pouvons rien. Que ce ne soit pas fondamentalement un mouvement contre j’en suis persuadé ; c’est pour cela que faute de mieux j’utilise le terme « conservateur ».
    En réalité, il faudrait travailler un forme de rétro-progressisme qui nous fasse remonter jusqu’aux croisements où nous avons fait fausse route au point de nous retrouver dans la situation actuelle… L’écologie humaine est sans doute un vecteur puissant à valoriser.

    J’aime

    • Olivier permalink
      20 avril 2013 23 h 10 mi

      Merci infiniment de votre réponse !
      Vous ne répondez pas vraiment à mon questionnement, ceci dit je crois simplement que Mgr Vingt-Trois a été peu clair, puisqu’il se bat et incite à se battre contre le projet de loi Taubira, donc il contrevient par là à ce qu’il semble dire.

      Pour moi la phrasede Mgr Vingt-Trois que j’ai critiquée signifiie un appel au conformisme social, à ne plus revendiquer que la loi civile suive la loi morale, et donc à se plier aux règles modernes anti-humaines. Être conformiste, c’est dire que la loi c’est la loi, quelles que puissent être les convictions de chacun… Être anti-conformiste c’est notamment dire qu’on attend et qu’on exige, pour qu’elle soit légitime, que la loi suive la vision de l’homme conforme à la morale naturelle et au bien commun.
      Bien évidemment, si Mgr Vingt-Trois veut dire qu’il faut tout d’abord nous-mêmes vivre d’une façon conforme à la morale – et d’abord unis au Seigneur – je suis d’accord ; s’il veut dire qu’il faut que chaque chrétien défende sa vision de l’homme, je suis d’accord, sauf que c’est précisément ce que nous faisons et ce qui se passe en ce moment, en demandant aux politiques de s’inspirer de la morale naturelle – notre vision de l’homme – pour faire leurs lois (ce que la phrase de Mgr Vingt-Trois, prima facie, condamne).

      Hauerwas et Cavanaugh, que j’ai un peu lus, prônent explicitement et très clairement la constitution d’une contre-culture (je suis d’accord : pas de foi sans culture et si la culture ambiante est opposée à la foi il n’y a pas le choix), ce que condamne ou semble condamner (puisqu’il y a peut-être une question de mots) Mgr Vingt-Trois – ils sont même, surtout le premier, communautariens, ce qui ferait probablement hurler Son Eminence.

      J’aime

      • 20 avril 2013 23 h 30 mi

        Ne pas s’attendre à ce que la loi civile suive notre vision de l’homme est un acte de lucidité. Cela ne veut pas dire qu’il faille s’en satisfaire. Le reste du discours montre bien que Mgr Vingt-Trois invite à l’engagement : c’est bien aux chrétiens de s’engager dans la mesure où ils ne peuvent pas compter sur l’adhésion spontanée de la société à cette vision.
        L’émergence d’une contre-culture peut justement émerger d’une prise de distance/autonomie à l’égard de l’État. Les communautariens ne sont pas pour autant des défenseurs du repli communautaire. C’est une nuance que j’ai essayé d’exprimer en disant qu’il fallait repenser la communauté (cf aussi F. Huguenin) sans pour autant sombrer dans le communautarisme.
        Pour le reste, n’hésitez pas à faire dans les archives du blog, vous verrez que nous ne sommes peut-être pas si éloigné que vous le pensez…

        J’aime

      • Olivier permalink
        21 avril 2013 22 h 30 mi

        Merci à vous, oui j’essaierai de prendre le temps de lire !
        Dieu vous garde en Sa paix !

        J’aime

  5. 20 avril 2013 21 h 56 mi

    Merci pour ce texte que je trouve un peu désespérant. Après l’immense travail de Jean-Paul II pour la dignité humaine, préalable à toute évangélisation, faut-il que nous baissions les bras et laissions le pouvoir régalien s’éloigner d’un équitable, fragile, illusoire équilibre entre la liberté de l’individu et la « juste cohésion » sans laquelle il n’est pas de paix sociale ? Même avec des moyens de Bisounours, j’ai envie de « forcer » le pouvoir à intégrer les racines chrétiennes de la société, nonobstant la place qu’il faut aussi faire aux musulmans et aux juifs, et même aux libres-penseurs.

    J’aime

    • 20 avril 2013 22 h 50 mi

      Je ne dis pas qu’il faut baisser les bras (et je ne pense pas qu’on puisse déduire une telle leçon du discours de Mgr Vingt-Trois). Il faut inventer de nouvelles formes d’action et ne pas se laisser prendre par l’illusion d’un politique chrétienne dans le cadre de l’État nation moderne. Il faut au contraire poursuivre la réflexion et l’engagement auquel ont invité Jean-Paul II et Benoît XVI.

      J’aime

  6. asalmon permalink
    21 avril 2013 6 h 01 mi

    Merci, je crois que c’est la question que nous nous posons tous, on va ou?

    J’aime

  7. Yogi permalink
    21 avril 2013 9 h 48 mi

    Mais peut-on présenter le « mouvement libéral-libertaire contemporain » comme un tout indissociable alors que l’opposition la plus forte au libéralisme économique vient de l’extrême gauche, laquelle soutient pourtant largement la « liberté » des moeurs ?

    J’aime

    • 21 avril 2013 18 h 57 mi

      Ce n’est pas un mouvement structuré qui formerait un bloc. C’est une mentalité que l’on retrouve à des degrés différents dans quasiment toutes les familles politiques. Sur la gauche, il y a un courant libéral-libertaire fort ; l’extrême gauche est moins touchée mais n’est pas épargnée. Pour mémoire, le terme a été forgé par des penseurs communistes et socialistes. Il a été repris et développé par Legendre et Michéa.

      J’aime

  8. Bashô permalink
    21 avril 2013 21 h 27 mi

    Et lorsque l’Eglise reprendra le pouvoir, tout recommencera comme avant. La haine, le mépris sous le masque de l’amour.

    J’aime

    • 21 avril 2013 21 h 38 mi

      Ouf… je me demandais si tu étais déjà en vacances ! Précisément, c’est en pensant à toi, notamment, que je me suis dit que ce n’était peut-être pas une mauvaise chose de se désolidariser de l’État nation et du pouvoir civil. Ton manque de confiance dans notre Église m’attriste parfois un peu mais je m’y fais petit à petit…

      J’aime

      • Bashô permalink
        21 avril 2013 23 h 00 mi

        J’ai quitté twitter et même facebook car l’atmosphère commençait à devenir assez pesant. Je ne sais pas combien de temps ces « vacances » dureront, ni même si c’est temporairement.

        Lorsqu’on sait que l’Eglise s’est élevée depuis le début contre chaque demande, même modeste, de droits civils des homosexuels, lorsqu’on sait qu’en Afrique, elle soutient les nouvelles restrictions législatives ( voir par exemple http://www.lifesitenews.com/news/nigerias-bishops-praise-ban-on-public-expression-of-homosexuality/ ), lorsqu’on entend les déclarations d’éminents hommes d’église comme le cardinal Bertone sur ce sujet, on est en droit d’être dubitatif. Le vernis chrétien qui nous sépare du païen est très mince.

        J’aime

  9. Anne permalink
    22 avril 2013 4 h 32 mi

    ON va où ? Personne ne le sait vraiment pas même ceux qui veillent.
    Mais ce mouvement est une réaction, une réaction au mépris qu’affiche une partie de la gauche « parisienne ».
    Des catho ? Ca n’existe plus,
    Des veilleurs ? Il y en a 300 (au lieu de 7000 ?)

    J’aime

  10. michel permalink
    27 juin 2013 13 h 19 mi

    Je suis catholique et bien loin de vos positions sectaires qui se veut regrouper toutes les tendances à la fois des chrétiens et cathos. Vous vous prenez pour « la » voix ? 15 ans que le man n’était pas allé manifester et maintenant il croit représenter « un nouveau mouvement est né, (…) qui n’est pas un mouvement social mais une fracture » : vous êtes un sacré comique dites-moi !
    Enfin ça vous fait du bien, vous sentez la rage et la force du combat couler de nouveau dans votre sang. Un gouvernement de gauche, fraichement élu, il ne vous manquait que cela pour que vous vous sanctuarisez dans vos idéologies les plus extrêmes sans une once de raison et de dialogue à part il me faut mon papa et ma maman !
    Bravo, vous avez monté une marche de la vie et vous vous prenez le coin de la marche en pleine gueule. Ca fait mal, hein ?

    J’aime

    • 27 juin 2013 16 h 34 mi

      L’invective n’apporte pas grand chose vous savez.
      Sinon, je ne me prends pour rien du tout. Je livre un analyse : si elle est erronée corrigée la. Je ne ressens ni rage, ni force.
      Je vous invite à visiter ce blog et je pense que vous verrez vous même où est votre erreur. Après revenez aussi souvent que vous voulez…

      J’aime

Trackbacks

  1. Et maintenant on va où ? | Voir et prier...
  2. Et maintenant on va où ? | MariageGay | ...
  3. Et maintenant on va où (3) : après la manif l’engagement ! | Thomas More
  4. Pourquoi #ONLR ? (#LMPT, @undenous…) | numero 712

Laisser un commentaire